Il est assez clair que les aides de l’UE et du FMI que l’on nous dit
nécessaire pour la solidarité nécessaire avec les citoyens grecs ne vont
pas vers eux, avec l’austérité et les privatisations qu’ils subissent,
mais aux créanciers de la Grèce qui sont les banques françaises,
allemandes, italiennes, états-uniennes …
Comme ça avait été le cas en Argentine en 2001, les insultes des
gouvernements de droite pleuvent contre les Grecs. Ils présentent cette
communauté comme un ensemble de feignants qui ont trompé les banques et
dilapidé les énormes crédits reçus grâce à la bonne volonté des
créanciers. Les fonctionnaires étasuniens de l’administration Bush
diffusaient les mêmes fables afin de jeter le discrédit sur les
Argentins.
Les médias dominants mènent campagne en propageant la croyance absurde
que les Grecs jouissent d’un niveau de vie enviable sur le dos du Nord
de l’Europe. Rien ne vient corroborer ce mythe puisque tous les
indicateurs sociaux témoignent du caractère défavorisé de la Périphérie
de la région.
Avec cette inversion de la réalité, la propagande réactionnaire prétend
démontrer que le refinancement de la dette grecque constitue une « aide
de la communauté internationale » à l’associé qui s’est fourvoyé dans
une mauvaise voie. Il en était de même vis-à-vis de l’Argentine. Ceux
qui financent par le chômage, la pauvreté et la dégradation des salaires
la survie des financiers sont présentés comme des profiteurs de la
charité mondiale.
Ces caricatures masquent la manière dont les gouvernements viennent en
aide aux capitalistes français et allemands qui, au cours des dernières
décennies, ont fait d’énormes bénéfices sur les excédents générés en
Europe du Sud.
Les grandes entreprises étrangères actives en Argentine faisaient le
même type de bénéfices au cours de la période de la principale
réorganisation néolibérale. Ils ont d’abord affaibli l’industrie
nationale à travers l’ouverture commerciale et se sont ensuite
appropriés des portions croissantes du marché local.
La Grèce a subi le même type de dégradation après l’adoption de l’euro
et l’entrée dans l’Union Européenne. Cette économie fragile a été livrée
à la merci de la puissante compétitivité allemande et du déficit
commercial qui en a résulté, financé par un endettement croissant.
En réalité, aucun pays de la périphérie européenne ne peut résister à la
supériorité dévastatrice des économies plus avancées qui ont profité de
la création d’un marché continental unifié pour renforcer leur
hégémonie. L’explosion des dettes privées des ménages et les bulles
immobilières qui ont affecté les pays les plus vulnérables ont été
alimentées par les excédents industriels des économies les plus
puissantes. Comme l’Euro facilite particulièrement les affaires des
industriels allemands, ce secteur se prononce actuellement pour le
maintien de la Grèce dans l’Euro et est même favorable à un type de Plan
Marshall destiné à financer de futures importations.
Dans les débats sur ces événements, il convient de retenir les trois
grandes leçons de l’Argentine pour la Grèce. Cette expérience indiqua,
en premier lieu, l’indubitable nécessité de freiner l’hémorragie du
débiteur, au travers d’une suspension unilatérale des paiements. Elle
clarifia également l’importance de choisir le moment le plus opportun
pour cette rupture.
L’Argentine s’est déclarée en défaut de manière volontaire, quand le
pays s’est retrouvé sans fonds. La Grèce pourrait imiter cette action
avant de perdre toutes ses ressources. Elle a la possibilité d’anticiper
et d’agir alors que les créanciers sont confrontés à une forte
exposition de titres toxiques qu’ils accumulent dans leurs
portefeuilles. Il ne faut pas donner le temps aux financiers de procéder
à des échanges de titres.
Il est également indispensable de mettre immédiatement en pratique un
audit de la dette. En Argentine, on a beaucoup débattu de cette
initiative face aux accusations dûment étayées sur le caractère
frauduleux du passif. La dette s’était gonflée avec des engagements
inexistants qui ont financé la fuite des capitaux, avec une spirale des
intérêts et une importante absorption de faillites privées de la part de
l’Etat.
Ces irrégularités confirmées sont restées impunies. Le lobby des banques
a bloqué toutes les tentatives d’enquête et paralysé plusieurs projets
parlementaires de révision des passifs. Les conséquences de cette
impunité ont été mises en lumière dans tous les débats postérieurs sur
la dette. Sur ce terrain, l’Argentine est restée très en arrière par
rapport à l’Equateur, qui a mis en place une Commission d’audit qui a
permis de faire la lumière sur bien des choses.
En Grèce, il existe actuellement la possibilité de mener à bien un
audit. Cette action permettait d’annuler la portion illégitime des
passifs et de faciliter la constitution d’un registre des propriétaires
des titres. Cette identification serait indispensable afin de déterminer
les droits de recouvrement. Il existe déjà une importante initiative
afin de mener à bien cette recherche [Voir Yorgos Mitralias, « Révolte
populaire de masse en Grèce » ]].
La troisième leçon de l’Argentine est la nécessité de nationaliser les
banques et d’établir un contrôle total sur les mouvements des devises et
des capitaux. Ces mesures devraient être adoptées avant la suspension
du paiement de la dette (ou en modifiant le type de change). La Grèce
est encore dans les temps pour préserver ses ressources avec de telles
mesures.
Certains économistes considèrent qu’il est indispensable de rompre
immédiatement avec l’euro. Mais la récupération de la monnaie nationale
requiert en premier lieu d’assurer les réserves, en empêchant la fuite
frénétique des capitaux qu’accompagnerait un virage économique. Ce n’est
qu’en intervenant sur les banques (en les nationalisant) et au travers
d’un strict contrôle des changes qu’il serait possible de contrebalancer
la perte des devises résultant d’une souveraineté monétaire retrouvée.
Le réveil populaire en Argentine a surgi quand les illusions
néolibérales, qui prédisaient « l’entrée dans le premier monde », se
sont effondrées. La même haine a éclaté parmi les Grecs, avec la fin des
attentes créées par l’adhésion à l’Union européenne.
Tous les observateurs s’accordent sur le fait que la crise a déjà
complètement débordé de la sphère financière et qu’elle se répand dans
les rues.
Il y a dix ans, la rébellion argentine avait freiné les mesures
d’ajustement, fait avorter le programme déflationniste et bloqué la
dollarisation. Elle força également l’introduction d’un projet politique
qui combinait la restauration du pouvoir des dominants avec l’octroi de
concessions démocratiques et sociales. Le soulèvement confirma
l’utilité de la lutte afin d’inverser des rapports de force
défavorables, donner de la légitimité aux mouvements sociaux et
légaliser les grèves. Il permit de freiner la répression brutale (qui
persiste en Colombie ou au Mexique) et contrebalança la résignation dans
les mouvements sociaux (que l’on observe en Uruguay ou au Brésil).
Mais la rébellion argentine resta au milieu du gué car elle n’a pas
expulsé les politiciens corrompus ni éradiqué le poids du bipartisme.
Elle n’empêcha pas non plus l’enrichissement des mêmes capitalistes qui
profitèrent de la convertibilité. Mais elle conditionna toute la
politique étrangère et elle influença une gestion de la dette qui limita
les appétits des créanciers.
Il est important de tenir compte de ces résultats au moment d’établir des comparaisons internationales.
La bataille populaire qui se livre actuellement en Grèce présente un
caractère plus continental. La rébellion argentine a fait partie d’un
cycle de luttes sud-américain, mais elle n’éclata pas au même moment que
les soulèvements au Venezuela, en Equateur ou en Bolivie. Les
mobilisations grecques coïncident par contre avec la crise générale du
Vieux Continent, qui tend à provoquer des réactions simultanées dans
plusieurs points de cette région. Ces réponses commencent à rompre
l’isolement des résistances nationales et permettraient de surmonter la
perplexité qui a prévalu au début de la récession.
La généralisation de l’action populaire est le meilleur antidote contre
la passivité alimentée par la social-démocratie et contre les campagnes
racistes promues par la droite. La récente protestation des indignés
espagnols peut marquer un tournant dans ce sens. Le mouvement gagne en
massivité à mesure que ses revendications politiques (« démocratie
réelle ») et économiques (en finir avec le sauvetage des banques)
conquièrent une plus grand légitimité et soutien.
La présence dominante de la jeunesse dans ces mouvements – et
l’utilisation novatrice des réseaux sociaux comme instruments
d’information alternative – encourage la contagion continentale. Cette
généralisation peut répéter l’effet domino qui caractérise les
soulèvements dans le monde arabe. L’étincelle de la jeunesse réchauffe
en outre les énergies des travailleurs, tant dans les pays qui
maintiennent un haut niveau de mobilisations sociales (France), que dans
les pays qui ont souffert un recul prolongé (Grande-Bretagne).
Si la confiance envers la résistance réapparaît, on pourra envisager la
manière de généraliser la bataille contre les créanciers, comme cela a
déjà commencé dans certains pays, comme l’Islande. En résumé, la flamme
allumée par les Grecs s’étend en Europe et son impact déterminera qui
payera les conséquences de la crise. Ce processus est suivi avec une
énorme attention en Amérique latine. Très peu de nouvelles sont
attendues avec autant d’espoir que celle d’une victoire populaire en
Europe.
Sam 23 Fév - 22:11 par Joinneau
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